Comment former un TEAM ?

U. Mühlethaler (Symposium FSH , Aarau, 23.11.97)

La tâche est difficile puisque chaque joueur s'est formé une image, une culture du handball différentes, formation par divers entraîneurs, jeu avec plusieurs partenaires, mais pas impossible si l'on respecte les quelques conseils qui suivent.

L'équipe est profondément dépendante du but fixé, de même que le but dépend de qui on a sous la main. Il s'agit donc de fixer un but qui ait une chance d'être atteint par l'équipe, et de former une équipe qui ait une chance réelle d'atteindre le but.

Les membres de l'équipe seront donc choisis en fonction de ce qu'ils peuvent apporter au groupe. Le ciment de l'équipe sera le but commun auquel tous devront tendre et les efforts pour lesquels ils se sentiront responsables et surtout solidaires.
Il s'agira de favoriser des situations pendant lesquelles seront créées de fréquentes interactions entre jeunes et vieux, "artistes" et "bosseurs".

Un exemple de Team performant pourrait être composé par:

• 1-2 joueurs d'exception : les "stars" : S
  Ce ne sont ni les joueurs les plus sérieux, ni les plus ponctuels, encore moins les plus faciles à gérer. Mais si le but est la victoire, le joueur d'exception est un joueur obligatoire dans un Team.
  Il est évident que son rôle est de marquer aussi souvent qu'il le peut, et que tout le Team va travailler pour lui. C'est pour ça qu'il est impossible d'avoir une équipe cohérente avec 12 très bons joueurs, car à ce moment chacun voudra avoir le rôle de "star".
  
• 1 joueur "centrale de services" : C
  Ce n'est pas le meilleur joueur, mais il est expérimenté. Il est conscient et surtout accepte de jouer pour la star. Il prend en main la direction du jeu et le gère pour la star.
  
• 3 joueurs "travailleurs", combatifs : T
  Leur travail est aussi de mettre la star en position de marquer, avec cependant une nettement moins grande influence sur le déroulement du jeu.
  Ces 6 joueurs forment le 6 de base mais ne sont cependant pas suffisants dans une équipe. Il s'agit donc de trouver des Nos 2, qui doivent chacun avoir et accepter un rôle propre.
  
  
• Le défenseur spécialiste du "casser de jeu", qui sait mettre en pièce une attaque en gênant continuellement le jeu.
  
  
• Le polyvalent (Joker) : il n'est pas assez bon pour être No l mais il est polyvalent et peut parfois remplacer un No 1 absent ou en méforme.
  
  
• Le "fou", qui relancera la course à la victoire par un tir dans une position incroyable, ou qui perdra son sang-froid à 20:20, mais qui sera capable de tirer son épingle du jeu à 20:15.

Nous avons donc 9 joueurs ayant chacun un rôle précis à jouer, nombre qui pourrait être complété par 3 joueurs en formation, juniors ou membres de la 2e équipe par exemple.

Les joueurs forment ainsi une espèce de mosaïque homogène, où chacun sait exactement ce que chacun attend de lui. Attention cependant car si l'un d'eux manque, l'équilibre peut se rompre et l'équipe s'écrouler.

Il reste un rôle à prendre par l'un des 9 premiers joueurs: celui qui va boire un verre avec les autres, qui cause, aide, intercède auprès de l'entraîneur. C'est celui qui sera 9 fois sur 10 le capitaine.
Il ne pourra jouer son rôle extrêmement important que s'il obtient l'accord du 6 de base.

Tout cela, on en est conscient, est une situation peu réelle ou en tout cas tellement rare qu'elle fait sourire. Il s'agira donc de faire des compromis, qui auront de toute évidence une influence sur le but du Team.

En guise de conclusion :

Avant de jouer un rôle dans lequel on est le plus performant, il est évident qu'il faut les essayer tous !
De là vient la nécessité pour un jeune de changer de club pour se former, pour varier ses rôles au gré des transferts, puisque son club ne peut lui offrir qu'un seul rôle au sein de son Team.
C'est au club de gérer le "plan de formation" de ses joueurs selon ses besoins à moyen terme, et de profiter des jeunes d'autres clubs en train de se former pour compléter les places vacantes dans le Team.

© Bertrand Carrard 2000